Abenaki Walking II, Le défrichement du terrain
Patterson Webster
Abenaki Walking II, Le défrichement du terrain 2018–2020
Troncs et branches de frêne, rails fendus, souches d’arbres, herse, poteaux de cèdre, pommiers, bûches empilées, granit, peinture acrylique
Collection de l’artiste
Cette installation sensible au site, s’étendant sur une zone boisée et un champ défriché, met en scène les nombreuses couches d’histoire intégrées dans le terrain de Glen Villa Art Garden. La découverte d’un gros amas rocheux (créé lors de l’enlèvement des roches des champs pour faciliter le labour) a inspiré l’artiste à commémorer une époque historique douloureuse : le déracinement et le déplacement des Abénakis, premiers intendants de la terre.
Les troncs et les branches des frênes – qui, selon les Abénakis, ont été utilisés pour créer les premiers humains – sont inversés et peints pour suggérer des gens marchant à travers le pays. Les promeneurs se déplacent librement dans les bois jusqu’à ce qu’ils rencontrent une palissade qui bloque leur chemin. Maintenant brûlés et crevés, les marcheurs tournent le dos à la barrière, évitant et exclus simultanément par cet obstacle à leur mouvement traditionnel à travers le pays.
Un seul poteau peint d’un agrandissement du bacille de la variole se trouve près de l’extrémité de la palissade qui est en train de s’effondrer, après avoir servi de protection aux colons. Le terrain au-delà témoigne des changements apportés par les colonisateurs européens : un tas de pierres, des rangées ordonnées de pommiers, des équipements agricoles rouillés, des souches d’arbres. Une clôture à barreaux fendus érigée par l’artiste délimite et clôt un espace herbeux à l’intérieur duquel se trouvent quatre morceaux coupés d’un seul chêne, peints en plaid rose ou bleu pour suggérer une famille de colons, fermement enracinée et immobile.
Le titre de l’installation, The Clearing of the Land , est gravé sur une pierre tombale en granit à l’entrée du site, suivi de la date de 1803, année où les Européens ont reçu pour la première fois des concessions de terres dans cette partie du Québec. Il n’y a pas de date de fin sur la pierre tombale, signe que le défrichement se poursuit.
Au-delà du champ défriché, quatre marcheurs se tiennent au sommet du tas de pierres qui a inspiré cette installation. Trois personnages – deux grands et un petit – sont empêtrés dans des barbelés, pris littéralement et métaphoriquement par les effets durables du colonialisme. Des clous disposés en grille recouvrent la silhouette de la taille d’un enfant, suggérant les effets dévastateurs de la division des terres par les colons en parcelles appartenant à des particuliers. Le quatrième marcheur se démarque, un Aîné incapable de libérer les générations suivantes du passé.
Cette histoire humaine est encadrée par des marqueurs de l’histoire géologique du territoire. Les monticules de terre et les ravins formés par l’artiste attirent l’attention sur les caractéristiques environnementales formées au cours des millénaires tandis que des éléments plus éphémères, tels que les traces d’animaux et les fleurs sauvages, rappellent que la terre est dans un état de changement continu.